L’affaire Nahel, tragédie survenue à Nanterre en juin 2023, revient au cœur de l’actualité judiciaire avec un rebondissement majeur. Près de deux ans après les faits, le parquet de Nanterre a requis un procès pour meurtre contre le policier impliqué. Une décision qui bouleverse la famille du jeune homme et ravive les débats sur les violences policières en France.
Le 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, est tué par balle lors d’un contrôle routier à Nanterre. La scène, filmée par des passants, montre un policier sortir son arme et tirer à bout portant sur l’adolescent alors au volant de son véhicule. Rapidement, les images font le tour des réseaux sociaux, provoquant une onde de choc nationale.
Le fonctionnaire de police, Florian M., avait alors affirmé avoir agi en état de légitime défense, prétendant que Nahel avait tenté de foncer sur lui avec son véhicule. Une version contredite par les deux passagers présents dans la voiture au moment des faits.
La mort du jeune homme a déclenché une vague d’émeutes dans plusieurs villes de France, remettant au centre du débat public la question des violences policières et du profilage racial.
Le 4 mars 2025, le parquet de Nanterre a surpris en requalifiant les faits et en requérant un procès pour meurtre, rejetant la légitime défense.
La justice doit encore trancher entre deux chefs d’accusation :
Le meurtre, impliquant une intention de tuer ;
Ou les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Cette distinction repose sur l’interprétation de l’intentionnalité et des circonstances précises de l’acte.
Les magistrats se penchent sur des éléments objectifs : l’usage d’une arme à très courte distance, le tir à travers le pare-brise vers des zones vitales, et les alternatives non létales dont le policier aurait pu faire usage. Le parquet estime que Florian M. « ne pouvait ignorer qu’il exposait Nahel à la mort ».
Le réquisitoire rejette la thèse de la légitime défense, considérant que le véhicule de Nahel, alors bloqué dans la circulation, ne représentait pas un danger immédiat.
Les magistrats soulignent que s’il avait voulu uniquement empêcher la fuite du conducteur, le policier aurait pu viser des parties non létales du véhicule. Ils ajoutent que Florian M. ne pouvait anticiper la trajectoire future de la voiture, même en tenant compte de la conduite antérieurement dangereuse de Nahel.
La justice considère que les circonstances ne permettent pas de justifier le tir par une menace imminente. Ainsi, si le meurtre est retenu, le policier pourrait encourir jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Le procès annoncé pourrait devenir un moment judiciaire marquant, révélateur de l’évolution de la jurisprudence en matière d’usage de la force par les forces de l’ordre.
Ce développement judiciaire pose une nouvelle pierre dans un dossier déjà sensible. La famille de Nahel, encore sous le choc, espère que ce procès apportera justice et vérité. L’opinion publique, elle, reste divisée entre soutien aux forces de l’ordre et exigence de responsabilité. La suite de la procédure sera scrutée de près.
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