Vie Pratique

Comme Jean, de nombreux retraités découvrent qu’ils se trompent sur cette règle pourtant très répandue

Installé depuis peu au Portugal, Jean pensait devoir revenir en France tous les six mois pour continuer à toucher sa retraite. Une idée reçue largement partagée dans les cercles de retraités expatriés. Mais après avoir contacté sa caisse de retraite, il découvre que cette obligation n’a aucun fondement légal.

Comme lui, beaucoup découvrent trop tard qu’ils ont été induits en erreur par des articles trompeurs, des discussions de forum ou des contenus générés par intelligence artificielle. Voici ce qu’il faut comprendre pour ne pas se laisser piéger.

1. Une rumeur persistante… mais totalement fausse

a. Origine et diffusion de la fausse obligation de retour en France

La croyance selon laquelle un retraité doit impérativement remettre les pieds en France tous les six mois repose sur aucune base juridique. Pourtant, elle est tenace.

Elle a été récemment alimentée par des sites douteux comme Decontair-67.fr ou Beautycase.fr, qui publient de faux témoignages pour capter l’attention : des histoires inventées, comme celle de “Michel en Espagne”, censées illustrer une situation d’urgence.

b. Objectif : générer du trafic, pas informer

Derrière ces articles, on trouve une stratégie claire : faire réagir, partager, commenter.

Ces contenus, souvent générés par des outils d’intelligence artificielle, jouent sur l’émotion (angoisse, indignation) pour augmenter leur portée. L’information est rarement sourcée, et les précisions légales sont absentes. Résultat : les lecteurs prennent pour acquis ce qui n’est qu’un scénario fictif.

2. Ce que dit réellement la loi sur la retraite à l’étranger

a. Le certificat de vie : la seule exigence annuelle

Un retraité vivant hors de France peut tout à fait continuer à percevoir sa pension sans jamais revenir sur le territoire français, à condition de fournir chaque année un certificat de vie.

Ce document, simple à obtenir, peut être validé par les autorités locales du pays de résidence, ou via les services consulaires. Il sert uniquement à confirmer que la personne est toujours en vie — une précaution qui permet à l’administration française d’éviter les versements injustifiés.

En 2021, plus de 43 millions d’euros ont ainsi été récupérés grâce à ce contrôle annuel.

b. Attention à l’ASPA : un régime spécifique

Seule exception à cette règle : l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA). Depuis le 1er janvier 2025, pour continuer à en bénéficier, le retraité doit résider en France au moins 9 mois par an (contre 6 auparavant).

Cette prestation sociale, financée par la solidarité nationale, obéit à des règles plus strictes car elle n’est pas contributive. Elle ne concerne pas les pensions de retraite liées aux cotisations.

3. Les risques d’une désinformation mal comprise

a. Des conséquences concrètes pour les retraités mal informés

Changer ses habitudes de voyage, planifier des séjours en France inutiles, voire renoncer à vivre à l’étranger : les effets de la désinformation sont bien réels.

Certains retraités engagent des dépenses pour revenir régulièrement, pensant que leur pension en dépend. D’autres préfèrent rester en France alors qu’ils pourraient vivre ailleurs plus confortablement, à cause de ces croyances erronées.

b. Une perte de confiance envers les services publics

Lorsque les retraités découvrent que l’information était fausse, cela peut générer une défiance durable envers les institutions. Pourtant, la CNAV ou Service-Public.fr publient régulièrement des mises à jour claires sur les obligations à respecter.

Le manque de consultation de ces sources officielles est souvent à l’origine de la confusion.

4. Comment se protéger contre ce type de rumeur ?

a. Ne jamais se fier aux témoignages non vérifiés

Un article partagé sur Facebook, un message WhatsApp, un témoignage dans un forum : aucun de ces formats ne garantit la fiabilité de l’information. Avant de prendre une décision ou de changer ses habitudes, il est indispensable de consulter des sources officielles comme :

b. Identifier les signes de la désinformation

Voici quelques signaux d’alerte à repérer :

  • Absence de lien vers un texte officiel

  • Ton alarmiste ou sensationnaliste

  • Utilisation d’exemples fictifs sans précisions

  • Aucune mention de la date de publication

Enfin, n’oubliez pas que tout changement réglementaire important est publié au Journal officiel. Si vous n’en trouvez pas trace, il y a de fortes chances que l’information soit fausse.

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